Adorer selon les quatre fins du saint Sacrifice de la Messe

Publié le par Le collectif

Extrait de :

La Divine Eucharistie - Tome 1 : La Présence Réelle

St Pierre Julien EYMARD

 


Ce texte a été lu sur LE FORUM CATHOLIQUE


Le saint Sacrifice de la Messe est la plus sublime des prières: Jésus Christ s'y offre à son Père, l'adore, le remercie, lui fait amende honorable et le supplie en faveur de son Eglise, des hommes ses frères et des pauvres pécheurs.

Cette prière auguste, Jésus la continue par son état de victime en l'Eucharistie: unissons-nous donc à la prière de notre Seigneur; prions comme lui par les quatre fins du sacrifice de la messe: cette prière résume toute la religion et renferme les actes de toutes les vertus.

I. DE L’ADORATION

L'acte d'adoration eucharistique a pour objet divin l'excellence infinie de Jésus Christ, digne par elle-même de tout honneur et de toute gloire.

Unissez-vous donc aux louanges de la cour céleste, lorsque, prosternée au pied du trône de l'Agneau, elle s'écrie, pleine d'admiration: "A Celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau qui a été immolé, honneur, gloire, action de grâce, vertu, puissance et divinité dans les siècles des siècles!"

Avec les vingt-quatre vieillards, déposant aux pieds de l'Agneau l'hommage de leur couronne, mettez au pied du trône eucharistique l'hommage de toute votre personne, de vos facultés et de vos oeuvres en lui disant: "A Vous seul amour et gloire!"

Contemplez ensuite la grandeur de l’amour de Jésus, instituant, multipliant, perpétuant la divine Eucharistie jusqu’à la fin du monde; admirez sa sagesse dans cette divine invention qui fait l'admiration des anges eux-mêmes. Louez sa puissance qui a triomphé de tous les obstacles; exaltez sa bonté qui en a réglé tous les dons.

Eclatez en transports d’allégresse et d’amour en voyant que vous êtes la fin même du grand comme du plus saint des sacrements; car Jésus Christ aurait fait pour vous seul ce qu'il a fait pour tous. Quel amour!

Dans l'impuissance d'adorer Jésus-Sacrement comme il le mérite, invoquez le secours de votre bon ange, ce fidèle compagnon de votre vie. Il sera si heureux de faire avec vous ici-bas ce qu'il doit continuer éternellement avec vous dans la gloire!

Adorez par la sainte Eglise ce Dieu qu'elle vous confie, pour que vous la représentiez à ses pieds.

Unissez-vous à toutes les adorations des âmes pieuses sur la terre, des anges et des saints au Ciel ; mais surtout aux adorations de Marie et de Joseph, alors que, seuls possesseurs du Dieu caché, ils formaient toute sa cour comme toute sa famille.

Adorez Jésus par Jésus lui-même ; c’est la plus parfaite adoration : il est Dieu et homme, votre Sauveur et votre frère tout ensemble.

Adorez le Père céleste par son Fils, l'objet de toutes ses complaisances; et votre adoration vaudra celle de Jésus: elle sera sienne.

2. DE L’ACTION DE GRACE

L'action de grâce est l'acte d’amour le plus doux à l'âme, le plus agréable à Dieu; c'est l'hommage parfait à son infinie bonté. L'Eucharistie est elle-même la reconnaissance parfaite ; eucharistie veut dire action de grâce: Jésus y rend grâce à son Père pour nous; il y est notre propre action de grâce.

Remerciez donc Dieu le Père de vous avoir donné son divin Fils, non seulement comme frère en l'incarnation, comme maître en la vérité; comme sauveur sur la croix, mais surtout comme votre Eucharistie, votre pain de vie, votre ciel commencé.

Remerciez le Saint-Esprit de continuer à le produire tous les jours sur l'autel par le prêtre, comme il le fit une première fois dans le sein virginal de Marie.

Mais que votre action de grâce monte vers le trône de l'Agneau, vers le Dieu caché, comme un encens d'agréable odeur, comme la plus belle harmonie de votre âme, comme l'amour le plus pur, le plus tendre de votre coeur.

Remerciez dans l'humilité de votre coeur, comme sainte Elisabeth en présence de Marie et du Verbe incarné; remerciez avec le tressaillement de Jean-Baptiste, sentant le voisinage de son divin Maître, caché comme lui dans le sein de sa mère ; remerciez avec la joie et la générosité de Zachée, recevant la visite de Jésus dans sa maison ; remerciez avec la sainte Eglise, la cour céleste.

Pour que votre action de grâce puisse être continuelle et toujours croissante, faites comme au ciel: considérez la beauté, la bonté toujours ancienne, toujours nouvelle du Dieu de l’Eucharistie qui se consume et renaît sans cesse sur l’autel de notre amour.

Contemplez son état sacramentel, les sacrifices qu'il a faits depuis le cénacle pour arriver jusqu'à vous, les combats qu'il a eu à soutenir contre sa propre gloire, pour s'abaisser ainsi jusqu'à la limite du néant, pour sacrifier ainsi sa liberté, son corps, sa personne même: et cela sans condition, ni de temps, ni de lieux; mais s'abandonnant sans autre défense que son amour, à l'amour aussi bien qu'à la haine de l'homme.

A la vue donc de tant de bontés du Sauveur pour tous les hommes et surtout pour vous, puisque vous le possédez, que vous en jouissez, que l'action de grâces en sorte comme la flamme s'élance d'un puissant foyer; qu'elle environne le trône eucharistique, qu’elle se joigne, s’unisse et se confonde avec ce foyer divin, avec la flamme radieuse et dévorante du Coeur de Jésus. Que ces deux flammes s'élèvent jusqu'au ciel, jusqu'au trône de Dieu le Père, qui vous a donné son Fils, en qui vous recevez la Trinité sainte tout entière.

3. DE LA PROPITIATION

A
l'action de grâces doit succéder l'amende honorable, la réparation ou la propitiation: de la joie, votre coeur doit passer à la tristesse, aux gémissements, aux larmes, à la douleur la plus profonde, en considérant l'ingratitude, l'indifférence, l'impiété de la plupart des hommes envers le Sauveur eucharistique. Voyez que d'hommes oublient Jésus après l'avoir aimé et adoré! N'est-il donc plus aimable? A-t-il cessé de les aimer? Oh! les ingrats! C'est parce qu'il est trop aimant qu'ils ne veulent plus l'aimer; c'est parce qu'il est trop bon qu'ils ne veulent plus le recevoir; c'est parce qu’il s’est fait trop petit, trop humble, trop néant pour eux, qu'ils ne veulent plus le voir et qu'ils fuient, qu'ils chassent sa présence et son souvenir qui les importune et les presse.

Il en est qui, pour se venger de son trop grand amour, l'insultent, l'outragent et le renient, ne pouvant l'ignorer, ce Père si bon, ce Maître si doux! - Ils ferment les yeux à ce soleil d'amour pour ne plus le voir; et parmi ces ingrats, il y a des vierges sacrilèges, des prêtres indignes, des coeurs apostats, des séraphins et des chérubins déchus! Oh! voilà votre grande part, adorateur: c'est de pleurer aux pieds de Jésus méprisé des siens, crucifié en tant de coeurs, abandonné en tant de lieux; c'est de consoler le Coeur de ce tendre Père à qui le démon, son ennemi, a ravi ses enfants. Prisonnier eucharistique, il ne peut plus courir après ses brebis égarées et exposées à la dent des loups dévorants.

Votre mission, c'est de demander grâce pour les coupables, de payer leur rançon à la divine miséricorde qui a besoin de coeurs suppliants; c'est de vous faire victimes de propitiation avec Jésus Sauveur qui, ne pouvant plus souffrir en son état ressuscité, souffrira en vous et par vous.

4. DE LA SUPPLICATION

Enfin
la supplication ou l’impétration doit couronner votre adoration et en faire le glorieux trophée. L'impétration, c'est la force et la puissance de la prière eucharistique. Tout le monde ne peut prêcher Jésus Christ par la parole, ni travailler directement à la conversion des pécheurs et à la sanctification des âmes; mais tous les adorateurs ont la mission de Marie aux pieds de Jésus: c'est la mission apostolique de la prière au pied du trône de la grâce et de la miséricorde.

Prier, c'est glorifier l'infinie bonté de Dieu, c'est mettre en action la divine miséricorde, c'est réjouir, dilater l'amour de Dieu pour sa créature en accomplissant la loi de la grâce qui est la prière. La prière est donc la plus grande glorification de Dieu par l'homme. La prière est la plus grande vertu de l'homme. Elle est toutes les vertus, parce que toutes les vertus la préparent et la composent, c'est la foi qui croit, l'espérance qui prie, la charité qui demande pour donner; c'est l'humilité du coeur qui compose la prière, la confiance qui la dit, la persévérance qui triomphe de Dieu même.

La prière eucharistique a une excellence de plus: elle va directement au cœur de Dieu, comme un dard enflammé; elle fait travailler, opérer, revivre Jésus en son sacrement, elle délie la puissance. L'adorateur fait plus encore: il prie par Jésus-Christ, il le met sur son trône d'intercession auprès du Père comme l'avocat divin de ses frères rachetés.


Heureuse l’âme qui sait trouver Jésus en l’Eucharistie, et en l’Eucharistie toutes choses !


Publié dans Prières

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